mardi 13 octobre 2009

Comme par magie

13 octobre 2009Je ne sais comment expliquer la chose, je ne suis pas certaine de ce qui s’est passé ; mais comme par magie, il ne me reste que 18 km à marcher.

Tous ces jours ont passés en un clin d’œil, malgré les souffrances, les moments éternels, les interminables, les « à-bout-de-souffle », les « plus capable », les « j’en veux encore » et puis les larmes.
J’arrive difficilement à croire que j’ai traversé les forêts de pins et les forêts d’eucalyptus, les vignes, les fermes et les oliviers.
J’ai pensé à tous ceux que j’aime.
J’ai pardonné à tous ceux qui m’ont blessés.
J’ai l’impression d’avoir eu trois vies.
Je ne sais pas où sont passés les 700 et quelques autres kilomètres.

Je suis un peu confuse.
Où est Rebecca ?
Je me demande si les gens avec qui j’ai marché ont trouvés leurs réponses.
J’ai presque traversé l’Espagne.

Je ne savais pas à quoi ressemblait l’Espagne.
.

Je ne sais pas encore si j’ai trouvé mes réponses.
J’ai l’impression d’avoir précisé mes questions. Je sais que j’ai parfois été la réponse une question.
Je suis confuse.

Depuis mon succulent Sunday de la dernière connexion internet, j’ai vu un superbe château des Templiers.
Puis, je me rendais compte combien je ne connaissais rien à l’histoire.
Puis un autre jour, j’ai marché 41 km. « J’avais la pêche », comme dirait mon ami François.

J’ai encore monté une montagne, et j’ai traversé la vallée des nuages.
Je suis tombée amoureuse du paysage à Portomarin, et je n’ai pas de photo. (Si j’en ai une, mais le lendemain matin et vue d’un autre pont… ce n’était pas aussi joli…)

J'ai sacré contre l'ostie de Jean-Mi, qui a fait des mots d'amour à sa Brigitte sur tout les monuements!
Je me suis rendue compte que j’avais perdu des kilos et que mon sac en pesait 15.

Je me suis blessée au genou gauche, et c’est souffrant.
Puis, je me rends compte de la force de l’esprit. Comment peut-on outrepasser les douleurs physiques ?
J’ai les bornes passer de 252.5 km à 66km, puis à 32 km, puis 18km…

Il y quelque chose d’irréel.

Qu’est-ce que je vais dire demain pour recevoir ma compostella.
Ils vont me donner un diplôme !
Des crédits pour l’âme ! Un laissez-passer « fast track » pour le paradis. Dire que j’avais d’autres plans !
Vraiment, il y a différents types de retour.
J’imagine rentrer à la maison et travailler deux jours plus tard. (!) On doit vraiment avoir encore la tête dans le camino.

J’ai rencontré beaucoup de vieux.
Je ne sais pas pourquoi, ils me parlent autant ?
Et, en espagnol ! J’écoute, je capte l’essence de la conversation, je sourie, je fais signe que oui, j’écoute. Puis, ils finissent en me donnant un bec, ou la main, parfois une accolade.
J’en suis toujours assez émue et je les écoute.

Je me dis que quand je serai vieille, je serai probablement le type de vieille à ralentir les jeunes pour les saouler avec mes histoires.
J’espère que je m’en souviendrai !
J’espère que je serai vieille.

J’arrive demain à Santiago.
Et j’arrive dans moins d’un mois à Montréal.
J’ai hâte de voir mon neveu, j’ai hâte d’embrasser Sophie, de rire avec Brigitte, de parler avec mon frère, de prendre une tequila avec Chantal et de revoir Rosalie.
J’ai hâte de plein de choses.
J’ai hâte de tout le monde, j’ai le goût d’avoir plein de temps, plus de temps.
J’ai hâte de revoir les amis du camino, voir comment est la vie quand on est pas dans l’intemporel.

Hâte de voir ce que la vie me réserve.

Connaître la trajectoire de la comète.

J’ai hâte d’une vente de garage printanière à Montréal.
Puis, j’ai aussi hâte à une nouvelle aventure.

De magasiner un nouveau sac à dos !
Je rêve d’un petit laptop… Maintenant que j’ai traîné celui-ci durant 800km.
Et, puis, j’ai hâte au Portugal la semaine prochaine.

Je suis confuse.

Je cherche encore et toujours la sortie, en me demandant si ça me tente de la prendre ou de continuer.

Demain, je marcherai 18 km.
Puis on verra la suite.

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Passée par Montréal et repartie 10 jours plus tard, j'explore maintenant New York...