1 er novembre 2009

Par envie d’être une pèlerine un jour de plus, ou une semaine de plus tant qu’à y être (!), je retournai à Compostelle. La cathédrale me semblait encore plus belle que la première fois, il n’y a pas à redire, j’étais contente d’y être et contente de me lancer dans celle nouvelle aventure.
La pluie me suivit un jour de plus, mais au moment opportun, enfin le soleil se pointa et nous fîmes en route pour Fisterra. Le bout du monde. Avant les grandes explorations, ils croyaient que Fisterra était le bout du monde, le point le plus à l’ouest.
Je pris la route en compagnie des deux Québécois que j’avais rencontrés il y a quelques semaines. En leur compagnie, je savais que du bon temps m’attendait.

Dès la sortie de la ville, nous eûmes une vue imprenable sur la cathédrale. Le chemin, moins touristique était d’autant plus intéressant. Moins de café-bar pour les touristes, moins de marcheurs, mais des paysages à couper le souffle, et si différents d'un jour à l'autre.


Des villages habités, mais sans commerces, des champs, des rivières et des ponts en arches, et toujours ces bornes pour nous indiquer le chemin.
Une première nuit à Negreija, dans un hôtel tenu par un couple dans les 70 ans. Ils étaient beaux à voir.
L’auberge de pèlerins à 20 lits était complète.
20 lits ! Et c’est complet hors saison ! Que font-ils quand on est en haute saison …? Je me le demande !



Ce matin, l’un de mes partenaires décida de laisser ces habits de pèlerins et de retourner dans une ville qu’il avait aimée et traversée trop rapidement. Je poursuivis la route en bonne compagnie ; avec Pascal.


Le jour deux me sembla interminable, malgré qu’il ne s’agissait que d’une vingtaine de kilomètres… Vraiment ! J’avais l’impression que le kilométrage était à vol d’oiseau et non par la route.
Nous arrêtions enfin, regardant notre montre, et nous disant que si nous voulions faire notre lavage, il valait mieux arrêter maintenant.
Après avoir négocié l’heure du souper avec l’aubergiste, nous bûmes quelques bières en attendant 19hre.
19h20, enfin (!), je demandai à la femme de l’aubergiste si nous pouvions souper…
Elle me rappela que nous avions demandé 19hre… je regardai ma montre, perplexe.
Et, elle m’annonça que nous avions changé l’heure !
J’étais, déçue, affamée et frustrée (!)
« Vous ne l’avez pas vue à la télévision ? »
Ben ! Non ! Il n’y a pas de télévision sur le camino !
Me disant que le spaghetti était « ben mieux d’être bon ! », je pris mon mal en patiente.
Pascal et moi partagions notre souper avec un couple d’allemand et une italienne.
Il était à peine 21hre quand j’embarquai dans mon sleeping bag ! Heureuse enfin de prendre un peu de repos, la panse bien remplie.

Le jour trois devait nous amener près de l’océan, enfin.
J’avoue que j’attendais de voir la route se terminer sur le bord de l’océan.
Une trentaine de kilomètres au programme… les fameux kilomètres « à vol d’oiseau », des kilomètres plus longs que longs !

Une journée à travers les collines à espérer l’eau… des vues fantastiques et du bon temps, toute la journée. Je mis la main sur des roches vert foncé, on les dirait en plastique!
J’adore ramasser des roches! Tellement pratique quand on voyage avec un sac à dos… !
Puis finalement, en fin de journée, l’eau était là ! L’océan!
La ville de Cée nous attendait!

La ville n’ayant pas d’auberge de pèlerins, et ayant entendu parlé de « bed bugs » nous décidions de prendre un hôtel. 40 euros pour deux, notre propre chambre, notre propre salle de bain et de grandes serviettes de bain! C’est avec un pique-nique dans notre chambre d’hôtel que nous soupions… heureux de profiter de notre chambre.

Jour 4 devait être notre dernière journée de marche. De Cée à Fisterra.
Encore une fois, le paysage était joli, nous offrant une plage par-ci et par-là.
Le temps de la pause fut délicieux sur cette plage.

Puis quelques kilomètres plus loin, il y avait Fisterra.

Nous marchions les deux derniers kilomètres sur la plage, bottes à la main, les pieds baignés par les vagues. 
Nous étions un bout du monde.

J’avoue que mon genou me faisait souffrir par moment, que j’étais, encore une fois affamée, mais j’étais heureuse d’y être. C’est à l’auberge de la paix, tenu par un « couch patatoe » que nous posions notre sac.
Le souper et les courses prenant de notre temps, nous arrivions quelque peu en retard pour le coucher de soleil.
Un bien pour un mal, tout le monde quittait, si bien que nous avions l’infini pour nous.
La fameuse borne 0.00km s’y trouve.

Quand même ! Je me souviens d’avoir vu après ma première journée de marche que Santiago se trouvait à 790km ! J’étais maintenant à 90km après Santiago, j’étais à la borne 0.00km.

Et, comme si ce n’était pas assez, et les horaires de bus ne nous plaisaient pas, nous décidions de marcher jusqu’à Maxia.
La fin de la route Jacquaire. Le lieu ou Marie arriva dans sa barque de roche (!).
(Ne me demandez pas ce que j’en pense !)


Tout de même, la route et les paysages étaient fabuleux. À un certain point, nous devions traverser une rivière. Des roches avaient été mises en place pour compléter la route. Le courant était impressionnant et il faut ajouter qu’il manquait une roche avant de rejoindre la rive ! J’avais un peu peur avant le début de la traversée, mais j’avais envie de recommencer après avoir traversé !






C’est à la lueur de la nuit que nous arrivions à Muxia.
Tout était fermé. Il faut dire qu’on a même eu de la difficulté à trouver le centre-ville ! Pourtant, la ville est assez grande et il y a énormément de nouvelles constructions…
Tout était fermé.
Les auberges laissaient leur numéro de téléphone, même l’hôtel 3 étoiles n’avait personne à la réception ! Passant devant un bar, j’aperçus une affiche de chambre à louer…
« Allons demander le prix… ça nous donnera une idée. »
15 euros pour la nuit pour nous deux ! « Fantastique ! On prend !»
On fût réveillé par le marché qui se tenait juste en bas au matin, mais quand même… pas de dortoir !
Avant notre bus, nous eûmes assez de temps pour visiter un peu la ville et voir le fameux bateau de roche de Marie. La force des vagues reste toujours impressionnante et l’église bâtie sur le cap de roche était assez jolie.







Passer sous le bateau de roche enlève le mal de dos et de reins pour la vie! Il fallait tenter le coup!
Puis le bus nous ramena à Santiago,où nous rejoignons Tizoc, un américain rencontré quelques semaines auparavant et notre ami québécois parti rencontrer la ville d’Astorga. Une rencontre entre amis en face de la cathédrale de Santiago.
Avec l’aide de Tizoc, Pascal et moi trouvions une chambre à peu de frais… (J’y reviendrai…)
Après un tour de ville interminable, quelques achats et un souper thaï fort apprécié, Pascal et moi rentrions dans notre « motel cheap ». Je lui volai quelques photos de notre dernier épisode, et allez hop ! Au lit !
Après quelques minutes, je décidai qu’il était mieux pour moi de mettre des bouchons sur mes oreilles… car le vendredi soir à Santiaogo me semblait bien animé…Puis naïvement, je dis à Pascal que j’avais l’impression que ça me piquait partout….
Pour bien finir notre voyage, presque sans faute… voilà qu’en bons pèlerins, nous avions un lit bien rempli de « bed bugs » !
Après plusieurs minutes de réflexion, nous enfilions nos jeans pour tenter de trouver un autre hôtel. Le seul que nous trouvions ouvert sembla trouver une excuse pour ne pas prendre les deux pèlerins que nous étions sans sac à dos.
C’est donc dans un lit simple (celui qui semblait le moins affecté), sans couverture, et la lumière ouverte (car les bed bugs ne semblent pas se manifester autant avec la lumière) que nous passions notre dernière nuit de pèlerins.
Ayant à peine fermé l’œil de la nuit, j’embraquai dans le bus de 10hre, pour reprendre la route vers le Portugal.
De Santiago à Porto.
À Porto, je pris un taxi pour me rendre d’un terminus à l’autre.
Puis de Porto à Lisbonne, où j’attendis une heure avant de finalement prendre un bus jusqu’à Lagos.
Près de 1000km en bus en une journée.
J’arrivai à Lagos, samedi soir le 31 octobre vers 23hre. S
oir de fête, soir d’Halloween.
Je marchai à travers la ville un peu au hasard, suivant la carte de mon Lonely Planet.
Après tout ce voyagement et la nuit blanche de la veille, j’allai me coucher en arrivant.
Le matin fut un charme!
Le petit déjeuner inclus de mon auberge à 11 euros me ravit.
Puis, un mexicain me reconnut.
« I met you before. A Cacabelos. »
Un pèlerin !
Je partageai une bière d’après-midi avec lui.
0.80 euros pour une bière… Vive le Portugal !
Et j’allai faire quelques courses avec l’idée de cuisiner pour le souper.
Alors que je rentrai tranquillement, regardant les menus des restos, deux femmes dans la soixantaine m’invitèrent à leur table. Deux américaines fort sympathiques.
D’abord un café, puis une bouteille de vin, je passai avec elles une partie de l’après-midi.
Elles étaient si sympathiques que si je n’avais pas déjà payé pour 3 nuits à l’auberge, je serais partie avec elles !
Je fis un tour de voiture en leur compagnie pour aller voir un autre bout du monde ; celui du sud. La vue était encore une fois superbe. Et, encore une fois, nous étions en retard pour le coucher du soleil.

Une autre borne 0.00km. Pour une route à vélo qui fait toute la côte sud du Portugal.
Me voilà de retour à l’auberge de jeunesse, assise sous le palmier qui remplit la cour intérieure. Demain je pense aller à la plage, je pense peut-être louer un vélo, je pense aussi à faire une excursion de snorkling… mais avant tout, encore une fois, une nuit de sommeil sera appréciée. Je suis en dortoir, mais personne d’autre que moi n’occupe cette chambre. 
Nous sommes le premier novembre.
J’avais si hâte de rentrer… j’ai encore hâte, mais comme toujours quand les jours sont comptés, on se dit qu’il faut vraiment en profiter.
Je n’ai que 10 jours avant mon retour.
**Pascal... Merci pour tout et pour toutes ces belles photos.